On compte 350 producteurs bio en Ardèche en 2010, soit 6,5 % des agriculteurs du département (la moyenne nationale étant à 2,5 %). L’Ardèche est le 6e département français en nombre de producteurs bio. L’agriculture bio ardéchoise est très diversifiée : pratiquement toutes les productions du département existent en bio.
Qu’est-ce que l’agriculture biologique ?
L’agriculture biologique est un mode de production respectueux de l’environnement, des équilibres naturels et du consommateur. L’utilisation de produits chimiques de synthèse y est interdite. Les pratiques sont basées sur le recyclage de la matière organique, la rotation des cultures et le bien-être animal. L’agriculture biologique favorise, à travers son respect des cycles de vie, une agriculture durable, soucieuse de la préservation de la planète. Elle contribue également, grâce à ses pratiques non productivistes, à la gestion du paysage.
La prévention avant tout
L’agriculteur bio recherche la complémentarité des productions animales et végétales, ainsi qu’un maximum d’autonomie.
Une grande importance est accordée au lien au territoire et, si possible, à l’autonomie des fermes : les animaux élevés dans une exploitation doivent être nourris, au moins en partie, avec des aliments produits dans la région ou sur la ferme. Un équilibre est recherché entre les productions animales, qui nourrissent le sol par leurs déjections, et les productions végétales qui y puisent les éléments dont elles ont besoin. Le sol est un milieu vivant que l’agriculteur bio doit préserver et entretenir.
Les pratiques bio reposent sur l’observation des animaux et des cultures. La technicité de l’agriculteur bio doit être élevée : les conduites sont essentiellement préventives et doivent être précisément réfléchies pour maîtriser les risques sanitaires (maladies, parasitisme, attaques de ravageurs…), la qualité des produits, les rendements, la fertilité du sol… Peu de solutions curatives sont disponibles en cas de problème.
L’agriculteur bio doit ainsi faire preuve d’une vision globale et rigoureuse de son exploitation, afin d’optimiser la qualité de sa production tout en limitant ses besoins en intrants.
L’agriculture biologique, une production réglementée et contrôlée
Les règles de l’agriculture biologique sont définies par un règlement européen, dont la dernière version est entrée en vigueur le 1er janvier 2009. Pour garantir la bonne mise en œuvre des règles qui y sont définies, les producteurs bio sont contrôlés de façon approfondie au moins une fois par an. La conformité de l’ensemble des documents de la ferme est vérifiée à cette occasion : cahier d’élevage, de culture, factures d’achats, de ventes… Une visite de terrain est effectuée avec, en cas de doute sur la conformité des pratiques, des prélèvements d’échantillons en vue de rechercher d’éventuels résidus de pesticides dans les produits. Des contrôles inopinés ont également lieu sur les fermes, en moyenne tous les deux ans.
Un agriculteur qui souhaite passer en bio passe par une période de conversion, qui laisse le temps au sol se débarrasser de l’essentiel des polluants chimiques qui ont pu s’y accumuler au fil des années. Pendant la conversion, l’agriculteur doit respecter le cahier des charges bio, mais ne peut indiquer que ses produits sont bio. La conversion dure deux ans pour les cultures annuelles (légumes, céréales…) et trois ans pour les cultures pérennes (arbres fruitiers, vignes, framboisiers…).
Pourquoi manger bio ?
Les agriculteurs bio vont souvent privilégier l’usage de variétés anciennes ou rustiques, notamment pour leur résistance naturelle aux maladies ou pour leur bonne adaptation au milieu. C’est aussi l’occasion, pour le consommateur, de retrouver des saveurs riches et originales, trop souvent oubliées par l’agriculture productiviste.
Consommer bio, c’est aussi préserver l’environnement, l’eau, la biodiversité, encourager une agriculture respectueuse de l’environnement et contribuant au maintien de l’activité en milieu rural. Le soutien de l’agriculture biologique relève donc aussi d’une préoccupation citoyenne.
Ces moyens de production ont des conséquences sur le produit lui-même : pas de résidus de pesticides potentiellement toxiques, beaucoup moins d’additifs dans les produits transformés (et aucun d’origine chimique). Un rapport de l’AFSSA* montre que les produits biologiques ne contiennent quasiment jamais de résidus de pesticides et que, dans tous les cas, ces résidus sont toujours très largement inférieurs à ceux détectés dans les produits non bio. La DGCCRF* confirme, en effet, que sur 3742 échantillons de fruits et légumes conventionnels analysés en 2007, 52 % contiennent des résidus de pesticides et 7,6 % dépassent les limites maximales de résidus autorisées par la réglementation.
Les rendements souvent plus faibles en bio et la maturation plus longue des produits favorisent l’accumulation de matière sèche. Les produits bio tendent donc à être plus riches en minéraux, en micro-nutriments et en vitamines, même si ces aspects dépendent aussi de nombreux critères plus ou moins indépendants des pratiques culturales telles que le climat, les variétés, le type de sol… Enfin, les pratiques de l’agriculture biologique privilégiant clairement la qualité plutôt que la quantité, les qualités gustatives des produits bio pourront globalement être supérieures à la moyenne. Cependant, cet aspect étant lié à tellement de facteurs qu’il serait hasardeux de prétendre distinguer un produit bio d’un conventionnel d’après le seul critère du goût!
* Agence française de sécurité sanitaire et alimentaire
* Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.
Pourquoi les produits bio sont-ils souvent plus chers ?
Les produits bio ne sont pas toujours plus chers que les produits conventionnels : une part importante de la différence est liée au circuit de commercialisation du produit, qui peut largement gommer la différence de prix bio / non bio. Il est donc tout à fait possible de trouver sur les marchés, chez les producteurs, des fruits et légumes bio au même prix que des produits non bio en grande surface ! De plus, les pollutions générées par l’agriculture conventionnelle (en particulier sur l’eau) génèrent bien un coût pour la société, puisque le contribuable doit financer la dépollution.
Il est cependant vrai que les produits bio sont souvent plus chers que les produits conventionnels, de 20 à 30 % en théorie. Cette différence s’explique par des coûts de production plus importants : main d’œuvre, rendements plus faibles, davantage de vulnérabilité par rapport aux risques sanitaires, peu de traitements curatifs… Le relief montagneux rendant difficile ou impossible la mécanisation, l’isolation géographique des fermes bio ardéchoises, souvent de petite taille, tout cela contribue aussi à l’augmentation des coûts de production.
Identification d’un produit bio
Un produit bio doit obligatoirement présenter sur son étiquette la mention suivante : « Produit issu de l’agriculture biologique – certifié par [nom ou référence de l’organisme de contrôle] « . Le logo AB français, ou encore le logo bio européen, peuvent aussi être apposés sur l’étiquette. A partir du 1er juillet 2010, un nouveau logo européen devra obligatoirement figurer sur l’étiquette, avec éventuellement le logo français. La mention « bio » est aussi réglementée : un agriculteur ne peut l’indiquer sur ses produit que si ceux-ci ont fait l’objet d’un contrôle.
Un produit certifié bio doit être composé de plus de 95% d’ingrédients issus de l’agriculture biologique. Un certain nombre de substances très difficiles ou impossibles à trouver en bio peuvent provenir de l’agriculture conventionnelle, dans une limite de 5%. Seuls ces produits non bio, mentionnés sur une liste figurant dans le règlement, peuvent être ainsi utilisés. Les additifs alimentaires de synthèse (conservateurs, colorants…) sont également interdits en bio. Là aussi, le règlement spécifie une liste des additifs naturels autorisés. Un producteur ou une entreprise qui souhaite n’utiliser que quelques ingrédients bio (moins de 95 %) dans un produit transformé peut le mentionner sur l’étiquette, à condition d’être contrôlé par un organisme certificateur. En cas de fraude, des sanctions sont prévues : actions correctives, suspension de la certification, sanctions financières…